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"Pride", de Matthew Warchus

  • Archium
  • 12 nov. 2020
  • 3 min de lecture

Le film « Pride » de Matthew Warchus réalisé en 2014 s’inscrit dans l’histoire du Royaume-Uni. Inspiré de faits réels, il retrace un épisode fort de l’histoire britannique; celle de deux communautés qui n’avaient rien en commun : la classe ouvrière issue des grandes régions minières du pays et la communauté gay/lesbienne de Londres. Celles-ci ont su, dans un regain de solidarité, s’unir et faire tomber la barrière des préjugés contre la politique répressive de Margaret Thatcher. Le film « Pride » se déroule au cours des années 1980 dans une Grande-Bretagne dirigée par celle que l’on appellera la « Dame de fer ».



Contexte historique :

Dans les années 1980, Mme Thatcher, accompagnée d’un gouvernement et d’une majorité très conservatrice sur le plan sociétal mais libérale sur le plan économique, mena une politique répressive très forte. Celle-ci conduit à une forte baisse des droits sociaux pour la classe ouvrière britannique. Cette politique a également donné lieu à de nombreuses fermetures d’industries dans les régions minières du sud du Pays de Galle, de l’Écosse ou encore de la région Liverpool du fait de leur manque de rentabilité.

En 1984, le mouvement syndical se met en marche, de très nombreuses grèves vont éclater alors même qu’elles sont considérées comme illégales. Le bras de fer entre Margaret Thatcher et les syndicats durera une année entière, fait unique puisque jamais une grève n’aura duré si longtemps. Ce conflit a vu naître une très forte répression de la part du gouvernement à l’encontre des grévistes que la dame de fer ira jusqu’à considérer comme des « ennemis de l’intérieur ».

Parallèlement, une autre partie de la société est réprimée par le gouvernement Thatchérien à savoir la communauté homosexuelle et lesbienne. Au Royaume-Unie à cette époque, l’homosexualité est alors illégale et considérée comme une perversité tant sur le plan moral que juridique. Ainsi, dans cette fin du XXe siècle, la communauté gay et lesbienne sera fortement réprimée elle aussi. Par ailleurs, l’ignorance et les clichés qui subsistent au sujet du Sida finissent d’ostraciser cette communauté au regard du gouvernement ainsi que d’une partie de la population.


Épilogue :

Le film de Matthew Warchus s’inscrit dans cette réalité historique des années 1980 puisqu’il relate la rencontre entre un groupe de militants gays et lesbiens de Londres et la population d’un village minier du pays de Galle. Mark, un jeune militant gay se rend compte lors d’une manifestation organisée pour l’égalité des droits de la dureté des forces de l’ordre britannique. Le lendemain, il remarque la même violence à l’encontre de mineurs venus à Londres pour manifester contre les fermetures de mines. Suite à ce constat, Mark et d’autres amis militants du mouvement gay et lesbien, se sentant solidaires de la cause minière, décident de créer le mouvement de soutien au mineur en grève : le LGSM (« Lesbians and Gays Support the Miners »). Très vite, cette organisation prend de l’ampleur et de nombreuses récoltes de don seront organisées à Londres.

Cette jeune organisation prendra alors contact avec Dai, un quarantenaire mineur et syndicaliste dans le Sud du Pays de Galles. La rencontre entre ces deux communautés a pour le moins été houleuse dans les débuts. En effet, la réunion entre des jeunes branchés gays et lesbiens de Londres face à des mineurs pour la plupart hétérosexuels et excentrés dans les zones industrielles du pays semblaient difficilement imaginable. Pour autant, un fort sentiment de compréhension est d’empathie face à une adversité commune a su créer des liens solides entre eux.

Une fois les barrières des préjugés rompues, le lien se crée entre le LGSM et le village gaulois de Dai, ce qui va donner lieu à un mouvement de solidarité. Ce mouvement est l’un des plus importants du XXe siècle en Grande-Bretagne et fut le 1er soutien à la classe minière britannique.

En 1985, asphyxié par les mesures de plus en plus libérales et la répression croissante, le mouvement faiblit. De plus, bien que les caisses de solidarité aient permis de tenir une année entière, la situation finit par devenir difficile et la grève se termine en 1985.

Pour témoigner de leur reconnaissance et faire preuve à leur tour de solidarité envers une communauté réprimée, des dizaines de bus remplis de mineurs venant de tout le pays débarquent l’été 1985 pour défiler lors de la gaypride de juin à Londres. Le mouvement syndical des mineurs britanniques sera le 1er à inscrire dans sa charte la reconnaissance des droits pour la communauté gay et lesbienne de Grande-Bretagne.



A travers ce film, Matthew Warchus traite avec subtilité des sujets tels que la rencontre de l’autre, les préjugés, la tolérance ou encore l’empathie ; le tout sur un arrière-fond d’humour britannique propre aux grands réalisateurs anglais. Le réalisateur arrive à mêler avec originalité la comédie et la dénonciation sociale avec une certaine émotion et une beauté indéniable dans le récit scénaristique.


H.A


Images : ©Allocine

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