Gunter Pauli : Une nouvelle manière d’entreprendre
- Archium
- 28 juil. 2020
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Gunter Pauli est un entrepreneur belge titulaire d’un MBA (Master of Business administration) à l’INSEAD de Fontainebleau et diplômé en économie de l’Université de Loyola . Il est l’un des entrepreneurs contemporains les plus engagés dans la protection de notre écosystème. C’est aussi le fondateur de l’économie bleue et de l’institut Zeri (Zero Emissions Research and Initiatives). Il est à l’initiative de nombreux projets et entreprises à travers le monde. G.Pauli mise sur l’innovation et la créativité pour assurer une production écoresponsable. Auteur de plusieurs ouvrages à succès, il est traduit en plusieurs langues . On retrouve parmi ces ouvrages, L 'Économie Bleue International Marketing , The Importance of Image in Japan ou encore Les nouveaux entrepreneurs du développement durable . Cet audacieux entrepreneur a été qualifié en 2014 par le Huffington post de « Steev Jobs de la durabilité ».
C’est à l’âge de 24 ans que le jeune G.Pauli lance sa première entreprise. Il n’est pas d’emblée engagé dans l’entreprenariat écologique . En effet, après une étude du marché japonais, il crée sa première entreprise d’exportation de bières belges à destination du Japon, bières fabriquées dans les abbayes qu’il a à maintes visitées au cours de son enfance. Ensuite, il profite de la consécration de trois scientifiques belges devenus prix Nobel de chimie pour vendre deux entreprises pharmaceutiques au Japon. Ces deux réussites commerciales avec le Japon étaient inattendues mais reflètent l’ambition commerciale de Gunter Pauli pour qui l’entreprenariat « est la capacité à créer des marchés. » et « d’aller là où les autres ne veulent pas être , découvrir des marchés novateurs en accord avec ses convictions. »
C’est aussi cette ambition qui l’a poussé à reprendre l’entreprise «Ecovert» qui était en faillite. Gunter Pauli en a fait l’une des entreprises leaders dans son domaine.
Au cours de l’année 1980 Gunter Pauli reprend l’entreprise « Ecovert » spécialisée dans les produits ménagers biodégradables. L’entreprise connaît sous sa présidence un véritable succès économique. Toutefois, alors qu’il est l’invité d’honneur du gouvernement Indonésien en qualité de meilleur entrepreneur de l’année, il réalise qu’il est le plus grand exploiteur d’huile de palme au monde.
Bien qu’il soit directeur général et actionnaire à 50 %, les clauses générales qui ont été établies par ses collaborateurs ne lui permettent pas de changer les matières utilisées dans la création de ses produits. Il décide alors de quitter l’entreprise à 37 ans et de tout recommencer à zéro. Il prend alors contact avec l’ONG Green Peace afin de traduire devant les tribunaux sa propre entreprise.
C’est par ces actes que G.Pauli a contribué à faire émerger une vision de l’entreprenariat dans laquelle l’action doit être fondée sur l’éthique. Lors de ses nombreuses conférences à travers le monde il ne cessera de rappeler que l’exploitation de l’huile de palme est la principale cause de la destruction de l’habitat de l’orang-outan et de nombreuses autres espèces menacées de disparition.
Gunter Pauli considère que l’entreprenariat doit être inspiré par la vertu et la recherche du bien commun. Il entend ainsi rompre avec la doxa libérale et individualiste dans laquelle un bon plan d’affaire est uniquement fondé sur la rentabilité et la réduction des coûts de production et ce sans tenir compte de l’impact des produits utilisés.
« Il ne faut pas moins polluer , il ne faut plus polluer »
Cette vision de l’entreprenariat avait déjà été défendu par G.Pauli en 1992 alors que la question environnementale commençait à émerger dans la sphère politique. C’est au cours de cette année que le recteur de l’université des Nations- Unies le contacte pour lui proposer de guider une équipe de scientifiques, d’ingénieurs et de chercheurs dans le but de mener une réflexion sur le modèle d’affaire concurrentiel écologique. Cette réflexion devait aboutir 3 ans plus tard au Protocole de Kyoto. Son travail et ses prérogatives n’ont pas été suivis puisque le modèle d’affaire auquel il avait abouti préconisait un niveau d’émission de CO2 nul. Jugé trop ambitieux ce plan a été refusé par les États-Unis et l’Union Européenne qui lui ont préféré un marché dans lequel les entreprises pourraient échanger, vendre ou acheter des certificats d’émission de CO2.
Fondateur d’un modèle économique : L’économie bleu, G.Pauli va théoriser dans son livre l’économie bleue le modèle économique dans lequel l’activité principale est la recherche de moyens alternatifs et écologiques de production. Ces moyens de productions sont fondés sur le recyclage des déchets. En 1991, G.Pauli crée la 1er entreprise produisant zéro déchet. L’économie bleue se construit sur différents fondements. Il faut tout d’abord privilégier les ressources locales, permettre l’accessibilité des ressources à tous. Produire en accord , en collaboration avec notre écosystème. La créativité, l’innovation et la science ont un rôle primordiale dans la construction de cette économie.
Par exemple l’Australie consomme 70 % de son eau potable dans l’agriculture, cette situation pourrait à long terme entraîner une pénurie des ressources. G.Pauli a donc réuni une équipe de scientifiques qui a imaginé un système de circulation permettant d’orienter et de transformer l’eau froide de la mer donnant lieu à un refroidissement des terres. Si auparavant, le kilo de tomates australien nécessitait 250 litres d’eau, le refroidissement des terres permet dès lors une utilisation de seulement 25 litres.
« L’entrepreneur est celui qui sait faire sur le terrain et parvient à inspirer le marché. »
En 2010 G.Pauli a réalisé plus de 200 projets à travers le monde , dans lesquels il a investi 500 milliards d’euros et crée plus de 3 millions d’emplois.
Bien qu’à l’échelle mondiale cela reste très modeste, les projets inspirés de l’économie bleu ne cessent de croître. Pour mettre en œuvre ces projets G.Pauli crée l’institut ZERI (Zero Emissions Research and Initiatives).
L’objectif de cet institut est la création d’une économie respectueuse de l’environnement permettant d’assurer les besoins fondamentaux de tous.
Il entrevoit une collaboration respectueuse de l’environnement qui serait plus bénéfique pour l’homme que la production effrénée à laquelle les Multinationales et les États s’adonnent.
Prenons comme exemple celui du gaz naturel. Dans certains pays tels que l’Argentine, les Pays Bas ou encore l’Inde, la production de gaz naturel est en chute libre du fait d’une production trop intensive. Dans un même temps, et sous l’influence des grands groupes tel que Exxon ou Chevron le gaz de schiste, considéré comme la seule alternative possible, est en train de reprendre l’ascendant sur le marché du gaz .
« Le gaz de schiste n’a aucun avenir »
En collaboration avec un grand nombre de scientifiques, Gunter Pauli met aujourd’hui au point un procédé de fermentation des algues de mer aboutissant à la production de gaz naturel. A partir de 30 000 m3 d’eau, il est possible de produire une tonne d’algues par an, produisant ainsi un gaz qui serait à 8 $ le baril. Aujourd’hui le prix du baril de gaz de schiste oscille entre 45 et 55 $ . Non seulement la production de gaz naturel en mer permet une réhabilitation de la biodiversité dans les eaux marines mais elle est également bénéfique sur le plan économique. En effet bien que le coût d’une telle agriculture est extrêmement coûteuse, pour G.Pauli le bénéfice à long terme est sans aucune mesure avec le prix d’investissement. Il se dit souvent stupéfié par la vision à court terme dans la stratégie des grands groupes. En outre lorsque l’on considère que le prix du baril de gaz naturel « marin » est 5 à 6 fois moins élevé que celui du gaz de schiste, ce procédé naturel de création du gaz permettrait une accessibilité universelle à cette ressource naturelle.
« Pour moi, c’est aussi cela, le redressement économique : donner du pouvoir aux gens qui n’ont pas d’expérience et pas de moyens mais sont capables de prendre des initiatives. C’est là la révolution que nous tentons de réaliser »
A la recherche d’un système économique plus juste, et compatible avec la préservation de notre écosystème, Gunter Pauli a su faire preuve de créativité. Il a donné par ses nombreux projets une autre dimension à la notion d’entreprenariat. Il considère en effet que le rôle de l’entrepreneur est de chercher à répondre aux besoins de base de l’humanité . Ainsi G.Pauli nous invite par son action à être vigilant aux enjeux contemporains et futurs sur l’eau, le logement, la nourriture , l’apprentissage et la santé.
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