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Coup d’Etat en Birmanie : le retour d’une nouvelle dictature ?

  • Archium
  • 6 mars 2021
  • 4 min de lecture

Vous n’avez sans doute pas pu échapper à la vidéo de cette coach sportive donnant un cours devant le parlement sans même remarquer l’arrivée de nombreux blindés de l’armée birmane.

En effet, le 1er février 2021, les militaires ont repris le contrôle du pays, mettant fin à une transition démocratique tant espérée par le pays.



Pour comprendre cette prise de contrôle par la junte militaire il est important de se référer à l’histoire du pays démontrant un contrôle omniprésent des militaires dans l’Etat.

En effet, la Birmanie nouvellement indépendante en 1947 voit ses espoirs démocratiques s’effacer par un Coup d’Etat instaurant la dictature dans le pays en 1962. Il a fallu attendre 1988 pour qu’un parti d’opposition s’organise, mettant en place de nouvelles élections . Celles-ci sont alors remportées non pas par les militaires, mais bien par la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti de Auung San Suu Jyi, symbole de cette démocratie.

Néanmoins, la junte militaire ne voulant pas céder le pouvoir, les élections seront annulées.


L’instauration d’une démocratie progressive


La Birmanie, en retard économiquement, a du entamer une transition démocratique à l’aube du nouveau siècle. Ainsi, malgré la réticence des dirigeants, une Constitution est mise en place en 2008 établissant une république. Néanmoins, cette dernière n’est que façade car l’armée n’a pas cédé sa place si facilement comme en témoigne ses pouvoirs dans la Constitution. En s’assurant 1/4 des sièges au parlement et le maintien des questions régaliennes, on voit rapidement que l’armée est un pouvoir indépendant ayant sous sa tutelle le gouvernement, dans la mesure où la Junte militaire ne dépend pas de ce dernier, mais bien du chef des forces armées.

Malgré tout, la démocratisation va être a son apogée lorsque le parti de Aaung San Suu Jyi remporte les élections législatives en 2015. En devenant chef du gouvernement, elle peut donc diriger le pays tout en gardant à l’esprit que la junte militaire préserve les pouvoirs fondamentaux . C’est en ce sens que la « Dame de Rangoun » va perdre en crédibilité dans la mesure où son image va être mise au dépourvu lors de la crise des rohingyas en 2017. Passive, cette dernière ne tentera rien de concret face à cette épuration ethnique par l’armée. Ne pouvant pas remettre en cause son pouvoir autoritaire au risque d’être décrédibilisée à leurs yeux, la légitimité de Aaung San Suu Jy serait contestée, tout comme l’existence d’une réelle république démocratique.


Le déclenchement du coup d’Etat par l’armée


Cette opposition entre la LND et l’armée va atteindre son apogée au cours de l’année 2020 pour deux raisons.

En mars, le parti d’Aung San Suu Jyi assumera sa volonté d’amender la Constitution. Néanmoins le pouvoir des militaires est tel que cette avancée démocratique n’aura pas lieu. Les militaires ont en effet commencé à sentir leurs appuis politiques leur échapper, et ce d’autant plus que la ligue nationale pour la démocratie remporta le scrutin à une très large majorité (82%). Cela n’a forcément pas été du goût du Chef de la Tatmadaw (forces armées birmanes). Ce dernier a alors déclaré que cette victoire était « injuste » car truquée avant d’appeler à un nouveau scrutin.

Des rumeurs d’un coup d’Etat ont donc commencé à se propager fin janvier 2021 bien que la commission électorale ait précisé que ces accusations étaient « absurdes ».

C’est donc inévitablement que le 1er février 2021 a eu lieu un putsch. Auung ainsi que le président birman et d’autres hauts représentants du parti au pouvoir ont été arrêtés. L’armée a par la suite proclamé l’état d’urgence pour un an sachant que c’est le général Hlaing qui dispose dorénavant de l’ensemble des pouvoirs législatifs, administratifs et judiciaires ; symbole de l’incarnation d’une nouvelle dictature. Un général a été désigné président par intérim mais il semble évident que cette désignation est seulement statutaire.


Le contestation du peuple face à un tel coup d’état …


Le peuple birman très attaché à l’avancée démocratique de leur pays refuse nettement ce coup d’Etat. L’armée a assuré en ce sens que de nouvelles élections seront mises en place pour assurer une « démocratie multipartite ». Mais il est évident que la soif avide de pouvoir du général dénote de la mise en place d’une nouvelle dictature.

Une désobéissance civile a débuté dans la ville de Rangoun puis a gagné l’ensemble de la Birmanie où des centaines de milliers de personnes manifestent. Face a l’ampleur de ces revendications, l’armée continue les arrestations, censure internet, tout en menaçant de représailles accrues contre quiconque s’opposant à eux.

La réaction de l’armée risque donc de devenir de plus en plus violente dans les prochaines semaines.


… soutenu par la scène politique


De nombreux États s’opposent à la modification des élections, notamment les États-Unis précisant qu’ils vont « agir contre les responsables si ces mesures ne sont pas abandonnées ». De plus, le comité des droits de l’homme de l’ONU a adopté une résolution exigeant la libération et l’immunité d’Auung San Suu Kyi, jugeant inacceptable l’usage de la violence contre la population civile.

Depuis le putsch, des comités de vigilance citoyenne s’organisent pour empêcher toutes autres arrestations. Il est évident que les birmans ayant trop souffert de tant d’années de dictature ne laisseront pas leurs espoirs démocratiques s'envoler, et pourront compter sur le soutien de la scène internationale.


E.B


© Image : Le Monde

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