"Doom Days" : un cri d'alarme en pleine nuit [Paroles]
- Archium
- 23 août 2020
- 5 min de lecture
Auteur et compositeur de ce morceau assez alarmant sur la réalité du monde, le groupe Bastille a pu s’exprimer sur l’objectif du titre Doom Days : « We wanted it to be really direct and talk about trying to find escapism from our modern anxieties – phone addiction, porn addiction, fake news addiction, climate change denial (to name a few)… turns out there was a shit load to talk about so I wrote about 50 verses for it and then we somehow managed to cut it down to this… hope you like it. Ultimately it’s about switching off for the night. »
Je vous encourage tout d’abord à écouter le morceau avec les paroles en cliquant sur le lien suivant : https://www.youtube.com/watch?v=IOX30CHr4JY
Ndlr : pour ceux ayant quelques difficultés en anglais la traduction des paroles est disponible via https://www.lacoccinelle.net/1345382-bastille-doom-days.html

Paroles :
When I watch the world burn All I think about is you When I watch the world burn All I think about is you
There must be something in the Kool-Aid(1) Cruising through the doom days(2) God knows what is real and what is fake(3) Last couple years have been a mad trip But how'd y'all look so perfect? You must have some portraits in the attic(4)
(1) Kool-Aid est une boisson artificiellement aromatisée populaire au Royaume-Uni qui a donné lieu à l’expression « Drink the Kool-Aid » désignant le fait de succomber à une idée en raison de sa popularité. Combiné à l’expression anglosaxone « There must be something in the water » qui souligne des agissements similaires entre personnes d’un même groupe, Bastille cherche ici à dénoncer l’irrationnalité de notre société sujette aux phénomènes de groupes néfastes.
(2) Titre de la chanson et de l’album, l’expression renvoie à un thème sombre et alarmant.
(3) La religion, qui est ici présentée sous sa forme dogmatique, intervient très rapidement comme une des causes principales des maux actuels.
(4) Référence au roman de Oscar Wilde « Le portrait de Dorian Gray » dans lequel un jeune homme fait le souhait qu’un portrait de lui soit marqué à sa place les ravages du temps. Il vit alors une vie de pêchés et enferme le tableau de plus en plus odieux dans son grenier. Ce vers fait écho aux gens sur les réseaux sociaux tels qu’Instagram qui rejoignent ce culte de l’apparence.
We'll stay offline so no one gets hurt Hiding from the real world Just don't read the comments ever, ever(5) We fucked this house up like the planet We were running riot Crazy that some people still deny it(6)
(5) Ce passage met en avant l’évolution du monde sous une forme de plus en plus virtuelle et déconnectée de la réalité. L’accès à l’information est fortement nuancé par la recherche permanente du « buzz » (réf fake news) et internet devient un lieu de critiques souvent violentes.
(6) Le groupe anglais nous montre ici l’impact de l’Homme et de la société de consommation sur notre environnement. L’allusion aux émeutes révèle l’ampleur des dégâts tandis que certains continuent de nier cette évidence.
Think I'm addicted to my phone My scrolling horror show(7) I'm live-streaming the final days of Rome One tab along, it's pornographic Everybody's at it No surprise we're so easily bored(8)
(7) Le téléphone est un élément de plus en plus indispensable à chacun, si bien qu’une dépendance se crée. Cette addiction se retrouve sur les réseaux sociaux dont les fils d’actualité sont décrits comme un « spectacle d’horreur » dont on ne semble plus pouvoir se passer.
(8) Dénonciation de la banalisation de l’industrie pornographique considérée comme un moyen d’échapper à l’ennui et à la solitude. Il n’y a plus rien de choquant, tout parait admissible en raison de l’utilisation massive.
Let's pick the truth that we believe in Like a bad religion(9) Tell me all your original sins(10) So many questionable choices We love the sound that our voice makes Man, this echo chamber's getting loud(11)
(9) Référence au titre « Bad religion » de Frank Ocean, un des morceaux préférés de Dan Smith le chanteur du groupe.
(10) Allusion au pêché originel de Adam et Eve, mais accordé au pluriel il renvoie à l’idée que chacun a sa propre vision du bien et du mal et donc qu’il n’y a pas de vérité propre.
(11) Dans nos sociétés occidentales l’individu est placé au centre du système, ce qui laisse peu de place au collectif. Cette vision individualiste peut être trompeuse quant à la réalité du monde, raison pour laquelle Bastille compare cela a une « caisse de résonnance » qui devient trop bruyante.
We're gonna choose the blue pill(12) We're gonna close the curtains(13) We're gonna rabbit hole down(14), third act love now She's gonna flip some tables I'm gonna move this tale on We're gonna rabbit hole down(14), third act love now
(12) Dans le film « Matrix », Neo propose de choisir entre une pilule bleue pour continuer de croire que tout va bien et une pilule révélant les tristes vérités de ce monde. Ainsi, en choisissant la pilule bleue, c’est un nouveau moyen de fuir la réalité dans lequel nous vivons.
(13) Les rideaux sont un moyen de s’enfermer, de ne pas ouvrir les yeux sur ce qui nous entoure. On peut aussi y voir une seconde référence cinématographique au film « Le Magicien d’Oz » de 1939.
(14) Il s’agit d’un clin d’œil au roman « Les aventures d’Alice au pays des merveilles » de Lewis Carroll. En effet, au début de l’intrigue Alice rentre dans un monde fantastique par un terrier de lapin. Cet univers fantastique est, là-aussi, déconnecté du monde réel.
We'll be the proud remainers(15) Here 'til the morning breaks us We run away from real life, thoughts tonight We're gonna Peter Pan out(16) Fade to the close-up, arms 'round We're gonna stay naive tonight, night, night
(15) Le terme « remainers » est utilisé pour désigner les britanniques favorables au maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne. Contextualisé dans le reste du morceau, Bastille fait un rapprochement engagé entre le Brexit et leur vision apocalyptique de la société.
(16) Dans le roman de J. M. Barrie « Peter Pan », les personnages principaux doivent avoir des pensées heureuses pour s'évader dans un monde onirique. A l’image de Peter Pan, le monde doit oublier ce qu'il apprend de la triste réalité afin de rester à jamais enfantin et s’amuser.
When I watch the world burn All I think about is you When I watch the world burn All I think about is you
You, you, you, you All I think about is you So I put my phone down Fall into the night with you(17)
(17) Au terme de la chanson, on est encouragé à laisser notre portable de côté pour se laisser porter par la nuit et oublier, un temps, ces jours maudits.
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