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Qu'en est-il de l'IVG aujourd'hui en France ?

  • Archium
  • 20 oct. 2020
  • 3 min de lecture

L’interruption volontaire de grossesse (IVG), sujet controversé, est encore aujourd’hui sous les feux médiatiques. En effet, le jeudi 8 octobre, l’Assemblée nationale a adopté en première lecture, une proposition de loi du groupe Écologie Démocratie Solidarité (EDS) visant à renforcer le droit à l’avortement. Cette proposition de loi prévoit notamment un allongement du délai légal d’accès à l’IVG de douze à quatorze semaines. D’autres dispositions ont été validées comme la suppression de la clause de conscience des médecins (spécifique à cette intervention), ou encore la possibilité pour les sages-femmes de réaliser des IVG chirurgicales jusqu’à dix semaines de grossesse.



Avancée historique pour certains, débat de société pour d’autres, l’interruption volontaire de grossesse ne met pas tout le monde d’accord : difficile de se faire un avis !


Du côté des personnes favorables à l’allongement du délai on fait valoir le manque de praticiens et l’engorgement des centres IVG, contraignant chaque année entre 3 000 et 4 000 femmes à avorter à l’étranger.


Face à ces arguments, l’Académie de Médecine, hostile au texte, fait valoir les risques pour la santé des femmes :


«  En portant ce délai à 16 semaines d’aménorrhée, on augmente le recours à des manœuvres chirurgicales qui peuvent être dangereuses pour les femmes et à une dilatation du col plus importante susceptible de provoquer des complications à long terme comme un accouchement prématuré.

En conséquence, l’Académie nationale de médecine recommande :

- […]

- D’accroître la vigilance et les moyens des autorités sanitaires pour optimiser le fonctionnement des centres de santé qui prennent en charge des interruptions volontaires de grossesses en les rendant plus accessibles et dans des délais moindres,

- Déconseille le transfert de compétences aux sages-femmes pour la pratique des interruptions volontaires de grossesses chirurgicales quel qu’en soit le terme et compte tenu de leur absence actuelle de qualification chirurgicale  ».


Cependant, ce texte de l’Académie de médecine doit être lu avec recul dans le sens où les rapports de cette chambre du conservatisme ne sont pas toujours basés sur des arguments scientifiques purs. En ce sens, l’académicien Philippe Froguel dénonce un avis «idéologiquement biaisé » rendu par l’Académie de médecine lors des débats sur la PMA.


Dans ce rapport, la société savante estime que «  la conception délibérée d’un enfant privé de père » constitue une rupture majeure, susceptible d’avoir des impacts sur son « développement psychologique » et son « épanouissement ».

Bien que l’Académie de médecine affirme reconnaître «  la légitimité du désir de maternité chez toute femme  », elle oppose à cela la nécessité de tenir compte du droit de tout enfant à avoir un père et une mère. Pire encore, les auteurs du rapport indiquent que selon des psychiatres, la figure du père « reste fondatrice pour la personnalité de l’enfant  » alors que les spécialistes en question ne sont jamais nommés et aucune étude scientifique n’est citée.


Cet avis semble même contradictoire à certains égards puisque l’Académie recommande d’augmenter les moyens des autorités sanitaires pour optimiser le fonctionnement des centres de santé réalisant des IVG en les rendant plus accessibles. Une autre solution plus pertinente serait sûrement de former les sages-femmes à une telle pratique de l'IVG, mais l'Académie de Médecine répond qu'elle «  déconseille  le transfert de compétences aux sages-femmes [pour les IVG chirurgicales] compte tenu de leur absence de qualification ».


Mais quelle est la situation chez nos voisins européens ? La règlementation française témoigne d’une approche assez conservatrice si nous la comparons aux délais de nombreux pays voisins : 18 semaines en Suède, 24 semaines au Royaume-Uni, 22 semaines aux Pays-Bas… Mais attention, bien que la loi semble plutôt tolérante en matière d’avortement, les Pays-Bas font partie des pays dont le taux d’avortements est le plus faible.


Finalement, plus de quarante ans après le combat de Simone Veil et l’entrée en vigueur de la loi du 17 janvier 1975, le droit à l’IVG demeure toujours contesté voire menacé alors qu’il est essentiel à l’autonomie et à l’émancipation des femmes. Ainsi, l’interruption volontaire de grossesse doit être un droit, un droit des femmes à disposer de leur corps et non un droit qu’il leur est consenti, que l’on pourrait limiter.


D.A


Image : ©KEYSTONE-FRANCE

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